« La question des migrants étrangers en Tunisie : les « Haragas »

Publié le par assisesdelimmigrationtunisienne

Ces dernières décennies nous avons vu se développer d’importants mouvements de migrants en provenance d’Afrique sub-saharienne en direction de l’Europe qui sont obligés de traverser le Sahara pour arriver dans les pays du Maghreb. C’est de là qu’ils vont chercher à traverser, au péril de leur vie dans des embarcations de fortune, la Méditerranée pour rejoindre soit l’Espagne, l’Italie et de plus en plus la Grèce. Ces migrants Sub-sahariens ne sont pas les seuls à vouloir tenter la traversée, car de nombreux maghrébins (notamment Algériens) se retrouvent dans la même situation. Comme le Maroc et la Libye, la Tunisie est ainsi devenue un pays de transit pour ces migrants.

 

Selon l’ONG Fortress Europ « 14.921 immigrés sont morts aux frontières de l'Europe depuis 1988, dont 6.469 sont disparus en mer. En mer Méditerranée et dans l'océan Atlantique ont perdu la vie 10.925 migrants. Dans le Canal de Sicile 4.183 personnes sont mortes, entre la Libye, l'Égypte, la Tunisie, Malte et l'Italie, dont 3.059 disparus, et 138 autres ont perdu la vie le long des nouvelles routes entre l'Algérie et l'île de Sardaigne; 4.507 personnes sont mortes au large des îles Canaries et du détroit de Gibraltar entre le Maroc, l'Algérie et l'Espagne, dont 2.302 disparus; 1.355 personnes sont mortes en mer Egée, entre la Turquie et la Grèce, et aussi entre l'Egypte et la Grèce, dont 824 disparus; 603 personnes sont mortes en mer Adriatique, entre l'Albanie, le Monténégro et l'Italie, dont 220 disparus. Et pour rejoindre l'île française de Mayotte, dans l'océan Indien, 624 personnes se sont noyées. Mais la mer on ne la traverse pas seulement à bord des pirogues. En navigant cachés à bord de navires de cargaison régulièrement enregistrés, au moins 153 hommes sont morts asphyxiés ou noyés ».

 

Nombreux sont ceux qui échouent à entrer en Europe et finissent par s’installer dans les pays du Maghreb y compris en Tunisie. Bien que la Libye et l’Egypte soient les principaux pays d’installation de ces migrants sub-sahariens nous voyons se constituer en Tunisie aussi de fortes communautés de migrants subsahariens mais également Algériens et Marocains.

 

Mais ces migrants se font arrêter avant ou pendant leur traversée et se retrouvent enfermés dans des camps où ils sont victimes de conditions de détention arbitraires, inhumaines et parfois même torturés (comme en Libye). Les droits de l’homme sont systématiquement bafoués.

 

De plus avec la politique de « réadmission » ceux qui sont arrêtés en Europe sont systématiquement renvoyés soit vers leur pays d'origine soit vers le dernier pays d’où ils ont embarqué où ils se retrouvent enfermés dans des prisons ou dans des camps. La Tunisie a signé des accords de réadmission avec la France et avec l'Italie.

 

D’autant que la loi tunisienne (de 1975 modifiée en 2004) relative à l’entrée et au séjour des étrangers en Tunisie constitue, dans ses principales dispositions, une atteinte grave aux droits les plus élémentaires. En effet les peines encourues varient entre 3 et 20 ans de prisons ainsi que de fortes amendes allant de 8 000 à 100 000 DT. Son application est tellement étendue et s’applique à toute personne ayant un rapport direct et même indirect avec l’acte incriminé. Sans parler de la double peine (prison puis expulsion). Les étrangers subsahariens sont particulièrement visés par ces mesures.

 

La Tunisie doit ratifier par conséquent la « convention internationale relative aux droits de tous les travailleurs migrants et des membres de leur famille » et dans l’immédiat elle doit libérer les migrants étrangers notamment subsahariens et maghrébins arrêtés ou transférés en Tunisie.

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